Title | Parménide d'Élée chez les Néoplatoniciens |
Type | Book Section |
Language | French |
Date | 1987 |
Published in | Études sur Parménide, Tome II: Problèmes d’interprétation |
Pages | 294-313 |
Categories | no categories |
Author(s) | Guérard, Christian |
Editor(s) | Aubenque, Pierre |
Translator(s) |
«Le néoplatonisme, écrit J. Trouillard, succède au ‘moyen platonisme’ le jour où les platoniciens se mettent à chercher dans le Parménide le secret de la philosophie de Platon»¹. Effectivement, en paraphrasant Proclus, on peut même dire que la lecture néoplatonicienne du dialogue, et avant tout de la première hypothèse, est le Néoplatonisme lui-même². Sans revenir davantage sur le rôle considérable du Parménide chez Plotin³, bornons-nous à rappeler qu’il a été commenté de façon systématique par Porphyre⁴, puis, comme en témoigne Proclus⁵, par Amélius, Théodore d’Asiné, Jamblique, l’obscur philosophe de Rhodes, Plutarque d’Athènes et Syrianus. À son tour, le Lycien a rédigé un commentaire probablement complet du dialogue qu’il a repris dans son ouvrage final, la Théologie platonicienne. De même, les deux œuvres rassemblées par C.E. Ruelle sous le titre Dubitationes et solutiones de primis principiis in Platonis Parmenidem⁶ montrent l’importance du dialogue chez Damascius. Cette relecture du Parménide a posé bien des questions aux historiens de la philosophie. On a alors invoqué l’influence d’idées orientales. Il fallait, semble-t-il, excuser des esprits aussi exceptionnels d’avoir « sombré dans l’irrationalisme ». Une telle attitude, déjà fort visible chez V. Cousin⁷, l’éditeur même de Proclus, malheureusement demeure⁸. En fait, chez Plotin, l’orientalisme se limiterait au plus à l’aspiration mystique⁹ : la définition du Bien (épékeina tês ousias) est dans la République, VI 509B9, et les spéculations néopythagoriciennes avaient reconnu dans l’Un du Parménide le Principe de tout¹⁰. Il ne restait qu’à faire le lien, peut-être en retrouvant ainsi la pensée de Speusippe¹¹, mais, sans aucun doute, en s’opposant au platonisme de l’époque. Au IIᵉ siècle notamment, le Parménide était considéré comme une œuvre « logique », un exercice éristique ou un pastiche de la sophistique mégarique. C’était l’opinion des aristotéliciens dont Alexandre d’Aphrodise¹², et aussi celle d’Albinus¹³, par exemple. Pour presque tous¹⁴, le dialogue n’était qu’un jeu discursif employant la méthode des Topiques d’Aristote¹⁵. Il était admis qu’il s’agissait d’une réfutation de l’éléatisme, et, dans la première hypothèse en particulier, d’une réplique ironique de Gorgias¹⁶. La conception néoplatonicienne n’était pas très aisée à soutenir : si le dialogue porte sur des réalités sublimes, pourquoi les faire exposer par Parménide ? D’ailleurs, l’hypothèse est-elle celle de l’Éléate¹⁷ ? Enfin, connaissait-il l’Un avant l’être et la théologie négative ? Comment donc admettre que le dialogue puisse révéler les choses les plus hautes si le Parménide du Poème n’a rien à voir avec le personnage de Platon ? Devant ces questions, la figure de l’Éléate prenait un relief nouveau nécessitant à son tour une lecture nouvelle. Nous allons tenter de montrer comment, principalement chez Plotin et Proclus, Parménide allait s’inscrire dans la perspective historique propre au néoplatonisme, et qui, d’une certaine manière, le définit. [introduction p. 294-295] |
Online Resources | https://uni-koeln.sciebo.de/s/8WXrV6XuPyldosH |
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