Title | Théories de la phrase et de la proposition, de Platon à Averroès |
Type | Edited Book |
Language | French |
Date | 1999 |
Publication Place | Paris |
Publisher | Presses de l’École normale supérieure |
Series | Études de littérature ancienne |
Volume | 10 |
Categories | no categories |
Author(s) | |
Editor(s) | Diebler, Stéphane , Büttgen, Philippe , Rashed, Marwan |
Translator(s) |
Les théories de la phrase et de la proposition de l'Antiquité au Moyen Âge n'avaient jusqu'à présent jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. On trouvera dans cet ouvrage, outre de nombreux travaux substantiels sur Platon et Aristote, des contributions novatrices sur la tradition stoïcienne, ainsi que sur les aristotélismes grec, syriaque, arabe et latin. [official abstract] |
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Title | Les analyses de l'énoncé: catégories et parties du discours selon les commentateurs néoplatoniciens |
Type | Book Section |
Language | French |
Date | 1999 |
Published in | Théories de la phrase et de la proposition, de Platon à Averroès |
Pages | 209-248 |
Categories | no categories |
Author(s) | Hoffmann, Philippe |
Editor(s) | Diebler, Stéphane , Rashed, Marwan , Büttgen, Philippe |
Translator(s) |
Avec les exégètes néoplatoniciens d’Aristote, à la fin de l'Antiquité, l'intérêt constant porté au discours par les philosophes grecs – depuis les sophistes, Platon, Aristote, les stoïciens – trouve son point d’achèvement, tandis que s’affirme nettement la différence des deux points de vue – grammatical et logique – que l’on peut porter sur l’énoncé. Cet effort de distinction caractérise la littérature des commentaires sur l’Organon, qui correspond, on le sait, au début du cours de philosophie néoplatonicienne dans l’Antiquité tardive. L’étude de l’Organon commençait, après des enseignements propédeutiques et une lecture de l’Isagoge de Porphyre, par l’exégèse du traité des Catégories, que domine une description fine du "but", du skopos. Les catégories sont les éléments constitutifs de l’énoncé déclaratif (logos apophantikós), seule espèce du logos à être vraie ou fausse, et qui est lui-même la base du syllogisme démonstratif, lequel est le point culminant ou la clé de voûte de la logique, puisque la démonstration est l’instrument de discernement du vrai et du faux dans le domaine de la théorie, et du bien et du mal dans le domaine de la pratique. Les catégories sont les termes “qui ne se disent pas en liaison”, c’est-à-dire qui ne sont pas pris dans une syntaxe attributive et qui se contentent encore de “signifier”. La doctrine des catégories est, en son fond, sémantique et ressortit à la logique. Mais elle reflète une division (diairesis) des étants en dix classes suprêmes, les “genres généralissimes”. Lorsqu’il commente le chapitre 2 des Catégories, Simplicius explique que la division en dix catégories s’inscrit elle-même dans une séquence dyade-tétrade-décade. Aristote, affirme-t-il, commence avec raison par donner une quadruple division des étants, puisque la tétrade est plus fondamentale que la décade, et que cette quadripartition se ramène elle-même à une bipartition : "[...] puisque, nous l'avons vu, le but (skopos) porte sur les mots simples et génériques, qui signifient les réalités simples et génériques, avant de les diviser (diairesis) en le plus grand nombre de termes possible – j'entends par là la division en dix catégories, au-delà desquelles on ne pouvait en trouver d’autres –, Aristote a jugé bon de commencer par une division minimale, car on ne pouvait rassembler les mots simples en un plus petit nombre de groupes : en effet cette façon de procéder était scientifique (epistêmonikón) parce que la décade est comprise dans la tétrade ; en effet en faisant la somme d’un, deux, trois et quatre, nous obtenons le nombre dix ; et la tétrade, à rebours, Aristote l’a rassemblée dans la dyade. Les quatre termes dont nous parlons sont : l’essence, l’accident, l’universel et le particulier. Les étants en effet se divisent en deux (ta onta diaireitai dikhôs) [...]". Ces deux termes sont l’essence (qui correspond à la première catégorie) et l’accident (sous le chef duquel se regroupent les neuf autres catégories). À la fin de l’explication de ce lemme, Simplicius précise que “la division en quatre termes n’est pas une division au sens propre, mais plutôt un dénombrement (anarithmêsis)”. L'analyse du logos apophantikós conduit donc le philosophe à distinguer entre dix “mots simples”, les dix catégories énumérées par Aristote, et qui constituent, aux yeux des exégètes antiques, une liste exhaustive en droit et close : la substance ou l’essence (ousia, ti esti), la quantité (poson), la qualité (poion), la relation (pros ti), l’agir et le pâtir (poiein, paschein), le "quand” et le “où” (pote, pou), la situation et l’avoir (keisthai, echein). Cette analyse ne coïncide en rien avec celle des grammairiens qui, à la fin de l'Antiquité, enseignent de manière fixe la doctrine des huit “parties du discours” (merê tou logou), progressivement élaborée comme le fruit de ce qu’ils nomment le merismos (“partition”). Ces huit “parties du discours” sont, dans l'ordre : le nom, le verbe, le participe, l’article, le pronom, la préposition, l'adverbe et la conjonction. Soucieux, pour plusieurs raisons, de distinguer leur recherche de l’activité grammaticale, les commentateurs néoplatoniciens d’Aristote ont soigneusement distingué entre ces deux modes d'analyse du logos (discours, phrase, proposition, énoncé) : la division des catégories, qui est fondée sur la diairesis des étants en dix genres – elle relève de la logique et participe de l’ontologie – et la merismos grammaticale des éléments du langage en huit classes (les huit “parties du discours”). La lecture des Catégories conduisait ces exégètes à rencontrer certaines difficultés. Tout d'abord, il y avait un débat sur la nature même des "catégories" (sont-elles des mots ? des notions ? des réalités ?). Des adversaires stoïciens d’Aristote (Athénodore et Cornutus) contestaient la complétude de la liste, insuffisante selon eux, puisqu’ils voyaient en elle le résultat d’une division des mots. Le débat sur l’origine grammaticale des catégories, ou sur le lien de cette doctrine avec l’objet propre et la discipline de la grammaire, illustré à l’époque moderne par les travaux d’auteurs aussi différents que Trendelenburg ou E. Benveniste, était déjà un débat antique. Autre question. Le début du De interpretatione présente un exposé sur le nom (onoma) et le verbe (rhêma), qui sont à la fois des termes logiques (sujet et prédicat) et les deux premières “parties du discours” selon la liste canonique des grammairiens. Comment rendre compte de la rencontre, mais aussi de la différence, entre le point de vue du philosophe lecteur de l’Organon et le point de vue du grammairien ? Comment expliquer la succession – dans la perspective de l’“ordre de lecture” néoplatonicien – des Catégories et du De interpretatione ? La tâche de tout commentateur néoplatonicien était donc d'expliquer à la fois comment distinguer entre l’analyse grammaticale d'une phrase et l’analyse logique d’un énoncé véridique, et quelle est l’articulation de la doctrine des Catégories et de la doctrine du De interpretatione. Il faut pour cela rappeler quels étaient les “buts” assignés par les exégètes à ces deux traités, qui étaient lus l’un à la suite de l’autre dans “l’ordre de lecture” des œuvres d’Aristote tel qu’il était pratiqué à la fin de l’Antiquité. [introduction p. 209-212] |
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Tout d'abord, il y avait un d\u00e9bat sur la nature m\u00eame des \"cat\u00e9gories\" (sont-elles des mots ? des notions ? des r\u00e9alit\u00e9s ?). Des adversaires sto\u00efciens d\u2019Aristote (Ath\u00e9nodore et Cornutus) contestaient la compl\u00e9tude de la liste, insuffisante selon eux, puisqu\u2019ils voyaient en elle le r\u00e9sultat d\u2019une division des mots. Le d\u00e9bat sur l\u2019origine grammaticale des cat\u00e9gories, ou sur le lien de cette doctrine avec l\u2019objet propre et la discipline de la grammaire, illustr\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9poque moderne par les travaux d\u2019auteurs aussi diff\u00e9rents que Trendelenburg ou E. Benveniste, \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 un d\u00e9bat antique.\r\n\r\nAutre question. 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Date | 1999 |
Published in | Théories de la phrase et de la proposition, de Platon à Averroès |
Pages | 209-248 |
Categories | no categories |
Author(s) | Hoffmann, Philippe |
Editor(s) | Diebler, Stéphane , Rashed, Marwan , Büttgen, Philippe |
Translator(s) |
Avec les exégètes néoplatoniciens d’Aristote, à la fin de l'Antiquité, l'intérêt constant porté au discours par les philosophes grecs – depuis les sophistes, Platon, Aristote, les stoïciens – trouve son point d’achèvement, tandis que s’affirme nettement la différence des deux points de vue – grammatical et logique – que l’on peut porter sur l’énoncé. Cet effort de distinction caractérise la littérature des commentaires sur l’Organon, qui correspond, on le sait, au début du cours de philosophie néoplatonicienne dans l’Antiquité tardive. L’étude de l’Organon commençait, après des enseignements propédeutiques et une lecture de l’Isagoge de Porphyre, par l’exégèse du traité des Catégories, que domine une description fine du "but", du skopos. Les catégories sont les éléments constitutifs de l’énoncé déclaratif (logos apophantikós), seule espèce du logos à être vraie ou fausse, et qui est lui-même la base du syllogisme démonstratif, lequel est le point culminant ou la clé de voûte de la logique, puisque la démonstration est l’instrument de discernement du vrai et du faux dans le domaine de la théorie, et du bien et du mal dans le domaine de la pratique. Les catégories sont les termes “qui ne se disent pas en liaison”, c’est-à-dire qui ne sont pas pris dans une syntaxe attributive et qui se contentent encore de “signifier”. La doctrine des catégories est, en son fond, sémantique et ressortit à la logique. Mais elle reflète une division (diairesis) des étants en dix classes suprêmes, les “genres généralissimes”. Lorsqu’il commente le chapitre 2 des Catégories, Simplicius explique que la division en dix catégories s’inscrit elle-même dans une séquence dyade-tétrade-décade. Aristote, affirme-t-il, commence avec raison par donner une quadruple division des étants, puisque la tétrade est plus fondamentale que la décade, et que cette quadripartition se ramène elle-même à une bipartition : "[...] puisque, nous l'avons vu, le but (skopos) porte sur les mots simples et génériques, qui signifient les réalités simples et génériques, avant de les diviser (diairesis) en le plus grand nombre de termes possible – j'entends par là la division en dix catégories, au-delà desquelles on ne pouvait en trouver d’autres –, Aristote a jugé bon de commencer par une division minimale, car on ne pouvait rassembler les mots simples en un plus petit nombre de groupes : en effet cette façon de procéder était scientifique (epistêmonikón) parce que la décade est comprise dans la tétrade ; en effet en faisant la somme d’un, deux, trois et quatre, nous obtenons le nombre dix ; et la tétrade, à rebours, Aristote l’a rassemblée dans la dyade. Les quatre termes dont nous parlons sont : l’essence, l’accident, l’universel et le particulier. Les étants en effet se divisent en deux (ta onta diaireitai dikhôs) [...]". Ces deux termes sont l’essence (qui correspond à la première catégorie) et l’accident (sous le chef duquel se regroupent les neuf autres catégories). À la fin de l’explication de ce lemme, Simplicius précise que “la division en quatre termes n’est pas une division au sens propre, mais plutôt un dénombrement (anarithmêsis)”. L'analyse du logos apophantikós conduit donc le philosophe à distinguer entre dix “mots simples”, les dix catégories énumérées par Aristote, et qui constituent, aux yeux des exégètes antiques, une liste exhaustive en droit et close : la substance ou l’essence (ousia, ti esti), la quantité (poson), la qualité (poion), la relation (pros ti), l’agir et le pâtir (poiein, paschein), le "quand” et le “où” (pote, pou), la situation et l’avoir (keisthai, echein). Cette analyse ne coïncide en rien avec celle des grammairiens qui, à la fin de l'Antiquité, enseignent de manière fixe la doctrine des huit “parties du discours” (merê tou logou), progressivement élaborée comme le fruit de ce qu’ils nomment le merismos (“partition”). Ces huit “parties du discours” sont, dans l'ordre : le nom, le verbe, le participe, l’article, le pronom, la préposition, l'adverbe et la conjonction. Soucieux, pour plusieurs raisons, de distinguer leur recherche de l’activité grammaticale, les commentateurs néoplatoniciens d’Aristote ont soigneusement distingué entre ces deux modes d'analyse du logos (discours, phrase, proposition, énoncé) : la division des catégories, qui est fondée sur la diairesis des étants en dix genres – elle relève de la logique et participe de l’ontologie – et la merismos grammaticale des éléments du langage en huit classes (les huit “parties du discours”). La lecture des Catégories conduisait ces exégètes à rencontrer certaines difficultés. Tout d'abord, il y avait un débat sur la nature même des "catégories" (sont-elles des mots ? des notions ? des réalités ?). Des adversaires stoïciens d’Aristote (Athénodore et Cornutus) contestaient la complétude de la liste, insuffisante selon eux, puisqu’ils voyaient en elle le résultat d’une division des mots. Le débat sur l’origine grammaticale des catégories, ou sur le lien de cette doctrine avec l’objet propre et la discipline de la grammaire, illustré à l’époque moderne par les travaux d’auteurs aussi différents que Trendelenburg ou E. Benveniste, était déjà un débat antique. Autre question. Le début du De interpretatione présente un exposé sur le nom (onoma) et le verbe (rhêma), qui sont à la fois des termes logiques (sujet et prédicat) et les deux premières “parties du discours” selon la liste canonique des grammairiens. Comment rendre compte de la rencontre, mais aussi de la différence, entre le point de vue du philosophe lecteur de l’Organon et le point de vue du grammairien ? Comment expliquer la succession – dans la perspective de l’“ordre de lecture” néoplatonicien – des Catégories et du De interpretatione ? La tâche de tout commentateur néoplatonicien était donc d'expliquer à la fois comment distinguer entre l’analyse grammaticale d'une phrase et l’analyse logique d’un énoncé véridique, et quelle est l’articulation de la doctrine des Catégories et de la doctrine du De interpretatione. Il faut pour cela rappeler quels étaient les “buts” assignés par les exégètes à ces deux traités, qui étaient lus l’un à la suite de l’autre dans “l’ordre de lecture” des œuvres d’Aristote tel qu’il était pratiqué à la fin de l’Antiquité. [introduction p. 209-212] |
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Title | Théories de la phrase et de la proposition, de Platon à Averroès |
Type | Edited Book |
Language | French |
Date | 1999 |
Publication Place | Paris |
Publisher | Presses de l’École normale supérieure |
Series | Études de littérature ancienne |
Volume | 10 |
Categories | no categories |
Author(s) | |
Editor(s) | Diebler, Stéphane , Büttgen, Philippe , Rashed, Marwan |
Translator(s) |
Les théories de la phrase et de la proposition de l'Antiquité au Moyen Âge n'avaient jusqu'à présent jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble. On trouvera dans cet ouvrage, outre de nombreux travaux substantiels sur Platon et Aristote, des contributions novatrices sur la tradition stoïcienne, ainsi que sur les aristotélismes grec, syriaque, arabe et latin. [official abstract] |
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