| Title | Apories orales de Plotin sur les Catégories d’Aristote |
| Type | Book Section |
| Language | French |
| Date | 1987 |
| Published in | Aristoteles - Werk und Wirkung. Paul Moraux gewidmet. Bd. 2: Kommentierung, Überlieferung, Nachleben |
| Pages | 120-156 |
| Categories | no categories |
| Author(s) | Henry, Paul |
| Editor(s) | Wiesner, Jürgen |
| Translator(s) |
| Les premières apories que Dexippe attribue explicitement à Plotin traitent du nombre des catégories, mais plus précisément sous l’aspect du rapport des catégories du monde intelligible à celles du monde sensible. Chez Simplicius aussi ces apories sont explicitement attribuées à Plotin. D’un monde à l’autre, les catégories sont-elles les mêmes ou différentes, ou bien les unes sont-elles les mêmes, les autres différentes ? Sont-elles en nombre égal, plus nombreuses, moins nombreuses ? C’est le problème préliminaire qu’examine Plotin au chapitre 1 de son premier traité VI 1, au début du chapitre 2 sur la substance et, une troisième fois, au début du chapitre 5 de son troisième traité, VI 3. Nos textes de base sont donc : VI 1,1,19-30 ; VI 1,2,1-8 ; VI 3,5,1-7, mais aussi VI 2,16,1-2 et VI 3,27,1-4. S’y réfèrent trois apories de Dexippe, mais l’une sous trois formes différentes – ce qui nous donne cinq petits textes – et deux longues pages de Simplicius, qui correspondent pour une part aux Ennéades, pour une part aux textes de Dexippe, mais qui toutes deux associent le nom de Plotin à celui de ses prédécesseurs. En outre, deux textes anonymes, l’un de Dexippe, l’autre de Simplicius. Les relations entre tous ces textes étant fort compliquées, il est utile de les énumérer ici, avec les sigles que je leur attribue, et dans l’ordre où je les étudie : 01 = Simpl. p. 73,15-28 (Plotin, Lucius et Nicostrate) 01b* = Dex. II 1 sommaire et aporie (anonymes) = Simpl. p. 73,15-16 (Plotin) 02 = Simpl. p. 73,25-27 (Plotin) 01a* = Dex. II 4 sommaire et aporie (Plotin) F1 = Simpl. p. 76,13-22 (Plotin et Nicostrate) F1 = Dex. II 2 aporie (dans le corps de l’ouvrage) (Plotin) 01c = Dex. II 2 sommaire (Plotin) 01e = Dex. II 2 solution (Plotin), cf. Simpl. 76,22-77,4 F2 = Dex. 138 solution (anonyme) = Simpl. p. 66,30-31 (anonyme) Bien que, au début, ces distinctions paraissent compliquées, la suite montrera qu’elles aident à clarifier les questions. Je signale tout de suite que le grand texte attribué au « très divin Plotin » par Simpl. p. 73,15-28 contient aussi ce que contiennent Dex. II 1, Dex. II 2 somm., et de nombreuses correspondances avec Dex. II 4. Nous finirons notre chapitre par un texte très court relatif au problème de l’opposé du mouvement, le repos, auquel font allusion Enn. VI 3,27,4-5, ainsi que Dex. I 38 sol., p. 34,17-19 (τις) et Simpl. p. 66,30-31 (τις), et qui, faisant partie d’une source composite, justifiera le sigle F2. Le tout est un chassé-croisé de références, un enchevêtrement de textes, de correspondances et de non-correspondances entre l’écrit, l’oral, les sources, à peu près inextricable, un des ensembles les plus complexes auxquels nous ayons jamais eu affaire. Dans ce fouillis, je vais m’efforcer d’introduire un peu d’ordre et de clarté. Patiemment, car il s’agit bien d’un jeu de patience, je répartirai de mon mieux ces fragments, qui chevauchent les uns sur les autres, entre deux séries, celle des reportata de l’enseignement oral (O) et celle des sources (F). Avec des coefficients variables de certitude ou de probabilité, je compte récupérer de la sorte deux fragments certains de l’oral, deux fragments très probables, un fragment simplement probable, enfin deux sources certaines. Dès les premiers textes, nous affrontons les trois principaux problèmes qui nous intéressent et cela, on l’a dit, dans une complexité plus grande qu’ailleurs. Le problème fondamental des rapports de l’écrit et de l’oral. Les limites entre l’un et l’autre sont parfois indécises, incertaines. Ce qui est sûr, c’est que l’oral, quand oral il y a, éclaire considérablement l’écrit, sorte de commentaire ou de résumé anticipé. Le problème de l’indépendance mutuelle de Dexippe et de Simplicius et de leur complémentarité. La question essentielle, souvent insoluble, est de savoir lequel des deux est le plus fidèle à la formulation de l’aporie orale ou de la source telle que les transmettait Porphyre, voire même le seul Jamblique. Le lecteur avisé s’apercevra sans peine que Simplicius ne peut vraiment dépendre de Dexippe ; il paraît ne jamais l’utiliser dans le corps de son ouvrage ; le nom n’apparaît qu’une seule fois, et cela dans la Préface, p. 2,25, où Simplicius énumère les commentateurs des Catégories, alors qu’ailleurs il n’a pas honte de citer fidèlement ses sources, notamment Porphyre et Jamblique. Enfin, le problème des sources de Plotin. Sources de l’oral ou de l’écrit ou de l’un et de l’autre. Ici même, par deux fois, un texte attribué par Simplicius à Plotin est attribué aussi, par lui, aux prédécesseurs de Plotin. Chez Dexippe, ce n’est pas le cas ici et ce sera toujours beaucoup plus rare. Les deux seuls points vraiment fermes et solides – ce ne sera pas toujours le cas – sont : primo, que les apories sont nettement authentifiées, citées sous le nom de Plotin, tant par Dexippe que par Simplicius, lequel souvent, ailleurs, se contente d’écrire « quelques-uns », là même où nous savons pertinemment qu’il s’agit de Plotin. Secundo, qu’une partie au moins des apories, tout en étant sûrement plotiniennes, n’ont aucun parallèle dans les Ennéades et proviennent donc de l’oral. [introduction p. 120-122] |
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Nos textes de base sont donc : VI 1,1,19-30 ; VI 1,2,1-8 ; VI 3,5,1-7, mais aussi VI 2,16,1-2 et VI 3,27,1-4.\r\n\r\nS\u2019y r\u00e9f\u00e8rent trois apories de Dexippe, mais l\u2019une sous trois formes diff\u00e9rentes \u2013 ce qui nous donne cinq petits textes \u2013 et deux longues pages de Simplicius, qui correspondent pour une part aux Enn\u00e9ades, pour une part aux textes de Dexippe, mais qui toutes deux associent le nom de Plotin \u00e0 celui de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs. En outre, deux textes anonymes, l\u2019un de Dexippe, l\u2019autre de Simplicius.\r\n\r\nLes relations entre tous ces textes \u00e9tant fort compliqu\u00e9es, il est utile de les \u00e9num\u00e9rer ici, avec les sigles que je leur attribue, et dans l\u2019ordre o\u00f9 je les \u00e9tudie :\r\n\r\n 01 = Simpl. p. 73,15-28 (Plotin, Lucius et Nicostrate)\r\n 01b* = Dex. II 1 sommaire et aporie (anonymes) = Simpl. p. 73,15-16 (Plotin)\r\n 02 = Simpl. p. 73,25-27 (Plotin)\r\n 01a* = Dex. II 4 sommaire et aporie (Plotin)\r\n F1 = Simpl. p. 76,13-22 (Plotin et Nicostrate)\r\n F1 = Dex. II 2 aporie (dans le corps de l\u2019ouvrage) (Plotin)\r\n 01c = Dex. II 2 sommaire (Plotin)\r\n 01e = Dex. II 2 solution (Plotin), cf. Simpl. 76,22-77,4\r\n F2 = Dex. 138 solution (anonyme) = Simpl. p. 66,30-31 (anonyme)\r\n\r\nBien que, au d\u00e9but, ces distinctions paraissent compliqu\u00e9es, la suite montrera qu\u2019elles aident \u00e0 clarifier les questions.\r\n\r\nJe signale tout de suite que le grand texte attribu\u00e9 au \u00ab tr\u00e8s divin Plotin \u00bb par Simpl. p. 73,15-28 contient aussi ce que contiennent Dex. II 1, Dex. II 2 somm., et de nombreuses correspondances avec Dex. II 4.\r\n\r\nNous finirons notre chapitre par un texte tr\u00e8s court relatif au probl\u00e8me de l\u2019oppos\u00e9 du mouvement, le repos, auquel font allusion Enn. VI 3,27,4-5, ainsi que Dex. 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Patiemment, car il s\u2019agit bien d\u2019un jeu de patience, je r\u00e9partirai de mon mieux ces fragments, qui chevauchent les uns sur les autres, entre deux s\u00e9ries, celle des reportata de l\u2019enseignement oral (O) et celle des sources (F).\r\n\r\nAvec des coefficients variables de certitude ou de probabilit\u00e9, je compte r\u00e9cup\u00e9rer de la sorte deux fragments certains de l\u2019oral, deux fragments tr\u00e8s probables, un fragment simplement probable, enfin deux sources certaines.\r\n\r\nD\u00e8s les premiers textes, nous affrontons les trois principaux probl\u00e8mes qui nous int\u00e9ressent et cela, on l\u2019a dit, dans une complexit\u00e9 plus grande qu\u2019ailleurs.\r\n\r\n Le probl\u00e8me fondamental des rapports de l\u2019\u00e9crit et de l\u2019oral. Les limites entre l\u2019un et l\u2019autre sont parfois ind\u00e9cises, incertaines. 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Le lecteur avis\u00e9 s\u2019apercevra sans peine que Simplicius ne peut vraiment d\u00e9pendre de Dexippe ; il para\u00eet ne jamais l\u2019utiliser dans le corps de son ouvrage ; le nom n\u2019appara\u00eet qu\u2019une seule fois, et cela dans la Pr\u00e9face, p. 2,25, o\u00f9 Simplicius \u00e9num\u00e8re les commentateurs des Cat\u00e9gories, alors qu\u2019ailleurs il n\u2019a pas honte de citer fid\u00e8lement ses sources, notamment Porphyre et Jamblique.\r\n Enfin, le probl\u00e8me des sources de Plotin. Sources de l\u2019oral ou de l\u2019\u00e9crit ou de l\u2019un et de l\u2019autre. Ici m\u00eame, par deux fois, un texte attribu\u00e9 par Simplicius \u00e0 Plotin est attribu\u00e9 aussi, par lui, aux pr\u00e9d\u00e9cesseurs de Plotin. Chez Dexippe, ce n\u2019est pas le cas ici et ce sera toujours beaucoup plus rare.\r\n\r\nLes deux seuls points vraiment fermes et solides \u2013 ce ne sera pas toujours le cas \u2013 sont : primo, que les apories sont nettement authentifi\u00e9es, cit\u00e9es sous le nom de Plotin, tant par Dexippe que par Simplicius, lequel souvent, ailleurs, se contente d\u2019\u00e9crire \u00ab quelques-uns \u00bb, l\u00e0 m\u00eame o\u00f9 nous savons pertinemment qu\u2019il s\u2019agit de Plotin. Secundo, qu\u2019une partie au moins des apories, tout en \u00e9tant s\u00fbrement plotiniennes, n\u2019ont aucun parall\u00e8le dans les Enn\u00e9ades et proviennent donc de l\u2019oral. 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Dieses Bem\u00fchen um Aristoteles von der Antike bis in die Neuzeit ist etwa f\u00fcr De anima bei Alexander von Aphrodisias und Leibniz, f\u00fcr die \r\nKategorien bei Plotin und Peirce dokumentiert, wobei die Erstver\u00f6ffentlichung der Ubersetzung von Cat. 1 - 4 durch den bedeutenden amerikanischen Philosophen mit besonderer Freude angezeigt werden darf. \r\nVon den Autoren dieses Bandes weilen Paul Henry und Charles B. Schmitt nicht mehr unter uns. In ein Buch \u00fcber Plotins Entretiens sollte der hier ver\u00f6ffentlichte Beitrag von Paul Henry sp\u00e4ter einmal integriert werden; daraus erkl\u00e4ren sich gelegentliche Hinweise auf geplante Teile dieses nun nicht mehr vollendeten Werkes. Die Studie von Charles B.Schmitt \u00fcber die Aristoteles-Florilegien der Renaissance bietet die erste Gesamtdarstellung zu diesem Thema und enth\u00e4lt im Anhang ein Verzeichnis mit wichtigen Erg\u00e4nzungen zu seiner grundlegenden \u201eBibliography of Aristotle Editions, 1501-1600\". [Vorwort p. V-VI]\r\n","republication_of":null,"online_url":"","online_resources":"https:\/\/uni-koeln.sciebo.de\/s\/Q1P6OhIp8zaE99c","translation_of":null,"new_edition_of":null,"is_catalog":0,"in_bibliography":0,"is_inactive":0,"notes":null,"doi_url":null,"book":{"id":189,"pubplace":"Berlin \u2013 New York","publisher":"de Gruyter","series":"Aristoteles - Werk und Wirkung. Paul Moraux gewidmet","volume":"2","edition_no":"","valid_from":null,"valid_until":null}}},"article":null},"sort":[1987]}
| Title | Apories orales de Plotin sur les Catégories d’Aristote |
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| Pages | 120-156 |
| Categories | no categories |
| Author(s) | Henry, Paul |
| Editor(s) | Wiesner, Jürgen |
| Translator(s) |
Les premières apories que Dexippe attribue explicitement à Plotin traitent du nombre des catégories, mais plus précisément sous l’aspect du rapport des catégories du monde intelligible à celles du monde sensible. Chez Simplicius aussi ces apories sont explicitement attribuées à Plotin. D’un monde à l’autre, les catégories sont-elles les mêmes ou différentes, ou bien les unes sont-elles les mêmes, les autres différentes ? Sont-elles en nombre égal, plus nombreuses, moins nombreuses ? C’est le problème préliminaire qu’examine Plotin au chapitre 1 de son premier traité VI 1, au début du chapitre 2 sur la substance et, une troisième fois, au début du chapitre 5 de son troisième traité, VI 3. Nos textes de base sont donc : VI 1,1,19-30 ; VI 1,2,1-8 ; VI 3,5,1-7, mais aussi VI 2,16,1-2 et VI 3,27,1-4.
S’y réfèrent trois apories de Dexippe, mais l’une sous trois formes différentes – ce qui nous donne cinq petits textes – et deux longues pages de Simplicius, qui correspondent pour une part aux Ennéades, pour une part aux textes de Dexippe, mais qui toutes deux associent le nom de Plotin à celui de ses prédécesseurs. En outre, deux textes anonymes, l’un de Dexippe, l’autre de Simplicius.
Les relations entre tous ces textes étant fort compliquées, il est utile de les énumérer ici, avec les sigles que je leur attribue, et dans l’ordre où je les étudie :
01 = Simpl. p. 73,15-28 (Plotin, Lucius et Nicostrate)
01b* = Dex. II 1 sommaire et aporie (anonymes) = Simpl. p. 73,15-16 (Plotin)
02 = Simpl. p. 73,25-27 (Plotin)
01a* = Dex. II 4 sommaire et aporie (Plotin)
F1 = Simpl. p. 76,13-22 (Plotin et Nicostrate)
F1 = Dex. II 2 aporie (dans le corps de l’ouvrage) (Plotin)
01c = Dex. II 2 sommaire (Plotin)
01e = Dex. II 2 solution (Plotin), cf. Simpl. 76,22-77,4
F2 = Dex. 138 solution (anonyme) = Simpl. p. 66,30-31 (anonyme)
Bien que, au début, ces distinctions paraissent compliquées, la suite montrera qu’elles aident à clarifier les questions.
Je signale tout de suite que le grand texte attribué au « très divin Plotin » par Simpl. p. 73,15-28 contient aussi ce que contiennent Dex. II 1, Dex. II 2 somm., et de nombreuses correspondances avec Dex. II 4.
Nous finirons notre chapitre par un texte très court relatif au problème de l’opposé du mouvement, le repos, auquel font allusion Enn. VI 3,27,4-5, ainsi que Dex. I 38 sol., p. 34,17-19 (τις) et Simpl. p. 66,30-31 (τις), et qui, faisant partie d’une source composite, justifiera le sigle F2.
Le tout est un chassé-croisé de références, un enchevêtrement de textes, de correspondances et de non-correspondances entre l’écrit, l’oral, les sources, à peu près inextricable, un des ensembles les plus complexes auxquels nous ayons jamais eu affaire.
Dans ce fouillis, je vais m’efforcer d’introduire un peu d’ordre et de clarté. Patiemment, car il s’agit bien d’un jeu de patience, je répartirai de mon mieux ces fragments, qui chevauchent les uns sur les autres, entre deux séries, celle des reportata de l’enseignement oral (O) et celle des sources (F).
Avec des coefficients variables de certitude ou de probabilité, je compte récupérer de la sorte deux fragments certains de l’oral, deux fragments très probables, un fragment simplement probable, enfin deux sources certaines.
Dès les premiers textes, nous affrontons les trois principaux problèmes qui nous intéressent et cela, on l’a dit, dans une complexité plus grande qu’ailleurs.
Le problème fondamental des rapports de l’écrit et de l’oral. Les limites entre l’un et l’autre sont parfois indécises, incertaines. Ce qui est sûr, c’est que l’oral, quand oral il y a, éclaire considérablement l’écrit, sorte de commentaire ou de résumé anticipé.
Le problème de l’indépendance mutuelle de Dexippe et de Simplicius et de leur complémentarité. La question essentielle, souvent insoluble, est de savoir lequel des deux est le plus fidèle à la formulation de l’aporie orale ou de la source telle que les transmettait Porphyre, voire même le seul Jamblique. Le lecteur avisé s’apercevra sans peine que Simplicius ne peut vraiment dépendre de Dexippe ; il paraît ne jamais l’utiliser dans le corps de son ouvrage ; le nom n’apparaît qu’une seule fois, et cela dans la Préface, p. 2,25, où Simplicius énumère les commentateurs des Catégories, alors qu’ailleurs il n’a pas honte de citer fidèlement ses sources, notamment Porphyre et Jamblique.
Enfin, le problème des sources de Plotin. Sources de l’oral ou de l’écrit ou de l’un et de l’autre. Ici même, par deux fois, un texte attribué par Simplicius à Plotin est attribué aussi, par lui, aux prédécesseurs de Plotin. Chez Dexippe, ce n’est pas le cas ici et ce sera toujours beaucoup plus rare.
Les deux seuls points vraiment fermes et solides – ce ne sera pas toujours le cas – sont : primo, que les apories sont nettement authentifiées, citées sous le nom de Plotin, tant par Dexippe que par Simplicius, lequel souvent, ailleurs, se contente d’écrire « quelques-uns », là même où nous savons pertinemment qu’il s’agit de Plotin. Secundo, qu’une partie au moins des apories, tout en étant sûrement plotiniennes, n’ont aucun parallèle dans les Ennéades et proviennent donc de l’oral. [introduction p. 120-122] |
| Online Resources | https://uni-koeln.sciebo.de/s/kSddLNtzgHnzFEv |
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Chez Simplicius aussi ces apories sont explicitement attribu\u00e9es \u00e0 Plotin. D\u2019un monde \u00e0 l\u2019autre, les cat\u00e9gories sont-elles les m\u00eames ou diff\u00e9rentes, ou bien les unes sont-elles les m\u00eames, les autres diff\u00e9rentes ? Sont-elles en nombre \u00e9gal, plus nombreuses, moins nombreuses ? C\u2019est le probl\u00e8me pr\u00e9liminaire qu\u2019examine Plotin au chapitre 1 de son premier trait\u00e9 VI 1, au d\u00e9but du chapitre 2 sur la substance et, une troisi\u00e8me fois, au d\u00e9but du chapitre 5 de son troisi\u00e8me trait\u00e9, VI 3. Nos textes de base sont donc : VI 1,1,19-30 ; VI 1,2,1-8 ; VI 3,5,1-7, mais aussi VI 2,16,1-2 et VI 3,27,1-4.\r\n\r\nS\u2019y r\u00e9f\u00e8rent trois apories de Dexippe, mais l\u2019une sous trois formes diff\u00e9rentes \u2013 ce qui nous donne cinq petits textes \u2013 et deux longues pages de Simplicius, qui correspondent pour une part aux Enn\u00e9ades, pour une part aux textes de Dexippe, mais qui toutes deux associent le nom de Plotin \u00e0 celui de ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs. En outre, deux textes anonymes, l\u2019un de Dexippe, l\u2019autre de Simplicius.\r\n\r\nLes relations entre tous ces textes \u00e9tant fort compliqu\u00e9es, il est utile de les \u00e9num\u00e9rer ici, avec les sigles que je leur attribue, et dans l\u2019ordre o\u00f9 je les \u00e9tudie :\r\n\r\n 01 = Simpl. p. 73,15-28 (Plotin, Lucius et Nicostrate)\r\n 01b* = Dex. II 1 sommaire et aporie (anonymes) = Simpl. p. 73,15-16 (Plotin)\r\n 02 = Simpl. p. 73,25-27 (Plotin)\r\n 01a* = Dex. II 4 sommaire et aporie (Plotin)\r\n F1 = Simpl. p. 76,13-22 (Plotin et Nicostrate)\r\n F1 = Dex. II 2 aporie (dans le corps de l\u2019ouvrage) (Plotin)\r\n 01c = Dex. II 2 sommaire (Plotin)\r\n 01e = Dex. II 2 solution (Plotin), cf. Simpl. 76,22-77,4\r\n F2 = Dex. 138 solution (anonyme) = Simpl. p. 66,30-31 (anonyme)\r\n\r\nBien que, au d\u00e9but, ces distinctions paraissent compliqu\u00e9es, la suite montrera qu\u2019elles aident \u00e0 clarifier les questions.\r\n\r\nJe signale tout de suite que le grand texte attribu\u00e9 au \u00ab tr\u00e8s divin Plotin \u00bb par Simpl. p. 73,15-28 contient aussi ce que contiennent Dex. II 1, Dex. II 2 somm., et de nombreuses correspondances avec Dex. II 4.\r\n\r\nNous finirons notre chapitre par un texte tr\u00e8s court relatif au probl\u00e8me de l\u2019oppos\u00e9 du mouvement, le repos, auquel font allusion Enn. VI 3,27,4-5, ainsi que Dex. I 38 sol., p. 34,17-19 (\u03c4\u03b9\u03c2) et Simpl. p. 66,30-31 (\u03c4\u03b9\u03c2), et qui, faisant partie d\u2019une source composite, justifiera le sigle F2.\r\n\r\nLe tout est un chass\u00e9-crois\u00e9 de r\u00e9f\u00e9rences, un enchev\u00eatrement de textes, de correspondances et de non-correspondances entre l\u2019\u00e9crit, l\u2019oral, les sources, \u00e0 peu pr\u00e8s inextricable, un des ensembles les plus complexes auxquels nous ayons jamais eu affaire.\r\n\r\nDans ce fouillis, je vais m\u2019efforcer d\u2019introduire un peu d\u2019ordre et de clart\u00e9. Patiemment, car il s\u2019agit bien d\u2019un jeu de patience, je r\u00e9partirai de mon mieux ces fragments, qui chevauchent les uns sur les autres, entre deux s\u00e9ries, celle des reportata de l\u2019enseignement oral (O) et celle des sources (F).\r\n\r\nAvec des coefficients variables de certitude ou de probabilit\u00e9, je compte r\u00e9cup\u00e9rer de la sorte deux fragments certains de l\u2019oral, deux fragments tr\u00e8s probables, un fragment simplement probable, enfin deux sources certaines.\r\n\r\nD\u00e8s les premiers textes, nous affrontons les trois principaux probl\u00e8mes qui nous int\u00e9ressent et cela, on l\u2019a dit, dans une complexit\u00e9 plus grande qu\u2019ailleurs.\r\n\r\n Le probl\u00e8me fondamental des rapports de l\u2019\u00e9crit et de l\u2019oral. Les limites entre l\u2019un et l\u2019autre sont parfois ind\u00e9cises, incertaines. Ce qui est s\u00fbr, c\u2019est que l\u2019oral, quand oral il y a, \u00e9claire consid\u00e9rablement l\u2019\u00e9crit, sorte de commentaire ou de r\u00e9sum\u00e9 anticip\u00e9.\r\n Le probl\u00e8me de l\u2019ind\u00e9pendance mutuelle de Dexippe et de Simplicius et de leur compl\u00e9mentarit\u00e9. La question essentielle, souvent insoluble, est de savoir lequel des deux est le plus fid\u00e8le \u00e0 la formulation de l\u2019aporie orale ou de la source telle que les transmettait Porphyre, voire m\u00eame le seul Jamblique. Le lecteur avis\u00e9 s\u2019apercevra sans peine que Simplicius ne peut vraiment d\u00e9pendre de Dexippe ; il para\u00eet ne jamais l\u2019utiliser dans le corps de son ouvrage ; le nom n\u2019appara\u00eet qu\u2019une seule fois, et cela dans la Pr\u00e9face, p. 2,25, o\u00f9 Simplicius \u00e9num\u00e8re les commentateurs des Cat\u00e9gories, alors qu\u2019ailleurs il n\u2019a pas honte de citer fid\u00e8lement ses sources, notamment Porphyre et Jamblique.\r\n Enfin, le probl\u00e8me des sources de Plotin. Sources de l\u2019oral ou de l\u2019\u00e9crit ou de l\u2019un et de l\u2019autre. Ici m\u00eame, par deux fois, un texte attribu\u00e9 par Simplicius \u00e0 Plotin est attribu\u00e9 aussi, par lui, aux pr\u00e9d\u00e9cesseurs de Plotin. Chez Dexippe, ce n\u2019est pas le cas ici et ce sera toujours beaucoup plus rare.\r\n\r\nLes deux seuls points vraiment fermes et solides \u2013 ce ne sera pas toujours le cas \u2013 sont : primo, que les apories sont nettement authentifi\u00e9es, cit\u00e9es sous le nom de Plotin, tant par Dexippe que par Simplicius, lequel souvent, ailleurs, se contente d\u2019\u00e9crire \u00ab quelques-uns \u00bb, l\u00e0 m\u00eame o\u00f9 nous savons pertinemment qu\u2019il s\u2019agit de Plotin. Secundo, qu\u2019une partie au moins des apories, tout en \u00e9tant s\u00fbrement plotiniennes, n\u2019ont aucun parall\u00e8le dans les Enn\u00e9ades et proviennent donc de l\u2019oral. [introduction p. 120-122]","btype":2,"date":"1987","language":"French","online_url":"","online_resources":"https:\/\/uni-koeln.sciebo.de\/s\/kSddLNtzgHnzFEv","doi_url":null,"categories":[],"authors":[{"id":175,"full_name":"Henry, Paul","role":{"id":1,"role_name":"author"}},{"id":75,"full_name":"Wiesner, J\u00fcrgen","role":{"id":2,"role_name":"editor"}}],"book":null,"booksection":{"id":799,"section_of":189,"pages":"120-156","is_catalog":null,"book":{"id":189,"bilderberg_idno":null,"dare_idno":null,"catalog_idno":null,"entry_type":null,"type":4,"language":"de","title":"Aristoteles - Werk und Wirkung. Paul Moraux gewidmet. Bd. 2: Kommentierung, \u00dcberlieferung, Nachleben","title_transcript":"","title_translation":"","short_title":"Wiesner\/Lulofs\/Kollesch\/Nutton1987","has_no_author":null,"volume":null,"date":"1987","edition_no":null,"free_date":"1987","abstract":"Kommentierung, Uberlieferung und Nachleben des Aristoteles sind das Thema dieses Bandes. Mit der Aristotelesrenaissance des 1. Jh. v.Chr. einsetzend, vermitteln die Beitr\u00e4ge, unter acht Hauptkapiteln zusammengefa\u00dft, ein eindrucksvolles Bild von der Rezeption zweier Jahrtausende. D a \u00df diese Rezeption kontinuierlich in ihren wichtigen Phasen illustriert werden kann, ist - wie schon im ersten Band - der freundlichen Kooperation der beteiligten Autoren zu verdanken. Als besonderer Gl\u00fccksfall mag gelten, da\u00df einige Beitr\u00e4ge sich in idealer Weise erg\u00e4nzen. So wird der Leser in zwei auf einanderfolgenden Artikeln die Interpretationsgeschichte der zentralen Kapitel Metaphysik \u039b 7 und 9 von Plotin und Themistios \u00fcber Maimonides und Gersonides bis Hegel verfolgen k\u00f6nnen. Dieses Bem\u00fchen um Aristoteles von der Antike bis in die Neuzeit ist etwa f\u00fcr De anima bei Alexander von Aphrodisias und Leibniz, f\u00fcr die \r\nKategorien bei Plotin und Peirce dokumentiert, wobei die Erstver\u00f6ffentlichung der Ubersetzung von Cat. 1 - 4 durch den bedeutenden amerikanischen Philosophen mit besonderer Freude angezeigt werden darf. \r\nVon den Autoren dieses Bandes weilen Paul Henry und Charles B. Schmitt nicht mehr unter uns. In ein Buch \u00fcber Plotins Entretiens sollte der hier ver\u00f6ffentlichte Beitrag von Paul Henry sp\u00e4ter einmal integriert werden; daraus erkl\u00e4ren sich gelegentliche Hinweise auf geplante Teile dieses nun nicht mehr vollendeten Werkes. Die Studie von Charles B.Schmitt \u00fcber die Aristoteles-Florilegien der Renaissance bietet die erste Gesamtdarstellung zu diesem Thema und enth\u00e4lt im Anhang ein Verzeichnis mit wichtigen Erg\u00e4nzungen zu seiner grundlegenden \u201eBibliography of Aristotle Editions, 1501-1600\". [Vorwort p. V-VI]\r\n","republication_of":null,"online_url":"","online_resources":"https:\/\/uni-koeln.sciebo.de\/s\/Q1P6OhIp8zaE99c","translation_of":null,"new_edition_of":null,"is_catalog":0,"in_bibliography":0,"is_inactive":0,"notes":null,"doi_url":null,"book":{"id":189,"pubplace":"Berlin \u2013 New York","publisher":"de Gruyter","series":"Aristoteles - Werk und Wirkung. Paul Moraux gewidmet","volume":"2","edition_no":"","valid_from":null,"valid_until":null}}},"article":null},"sort":["Apories orales de Plotin sur les Cat\u00e9gories d\u2019Aristote"]}