Catégories et métaphysique chez Alexandre d'Aphrodise: l'exégèse de Catégories 5, 2017
By: Chiaradonna, Riccardo , Balansard, Anne (Ed.), Jaulin, Annick (Ed.)
Title Catégories et métaphysique chez Alexandre d'Aphrodise: l'exégèse de Catégories 5
Type Book Section
Language French
Date 2017
Published in Alexandre d'Aphrodise et la métaphysique aristotéliecienne
Pages 157-179
Categories no categories
Author(s) Chiaradonna, Riccardo
Editor(s) Balansard, Anne , Jaulin, Annick
Translator(s)
Nous résumerons ainsi les conclusions de cette étude. Alexandre souscrit à la thèse selon laquelle les particuliers sensibles sont des substances premières par rapport aux genres et aux espèces, mais cela n’implique à ses yeux aucune conséquence particulariste ou nominaliste. La définition des substances premières qu’Aristote présente dans les Catégories est, pour Alexandre, susceptible de s’appliquer à la forme séparée, c’est-à-dire aux Premiers Moteurs. L’existence de formes dans la matière ne contredit pas le critère de substantialité établi dans les Catégories, car la forme est dans un substrat sans pourtant être « dans un sujet » au sens des Catégories. À ces conclusions, il faut ajouter que l’interprétation du enkorōs du traité permet à Alexandre de lire les Catégories de manière intentionnelle et de rattacher ainsi la sémantique de ce traité à son ontologie des natures immanentes. De notre point de vue, Alexandre faisait tout pour intégrer les Catégories à sa métaphysique essentialiste. On ne trouve aucune trace chez lui de l’argument typique des Néoplatoniciens, selon lequel il faut comprendre l’ontologie des Catégories comme une ontologie quoad nos, qui correspond aux apparences phénoménales que reflète notre langage ordinaire (voir, par exemple, Porphyre, In Cat. 91, 5-26). Bien au contraire, Simplicius oppose justement cet argument à la position d’Alexandre : d’abord, Simplicius, suivant Jamblique, suggère qu’Aristote, dans les Catégories, considère les particuliers sensibles comme des substances premières en tant qu’elles sont premières quoad nos. Une fois énoncée cette solution canonique et bien attestée depuis Porphyre, Simplicius s’attaque à Alexandre, qui regardait les individus comme des substances premières par nature et non seulement pour nous (Simplicius, In Cat. 82, 1-32). Comme nous l’avons montré plus haut, Simplicius et sa source ne saisissaient probablement pas l’ontologie de la nature commune qu’Alexandre développait pour défendre sa position. Cependant, d’après ce que nous pouvons reconstruire, Simplicius avait parfaitement compris que, pour Alexandre, les individus sont des substances premières dans le sens le plus plein du terme, et que Dieu est substance dans le sens de la substance individuelle qu’Aristote établit dans les Catégories. Pour Alexandre, la lecture sémantique des Catégories n’avait donc pas pour but de détacher la doctrine des catégories de l’ontologie : bien au contraire, par sa doctrine du enkorōs, Alexandre rattache de manière très étroite la doctrine des catégories à son ontologie essentialiste. Par ailleurs, la lecture sémantique du traité est parmi les éléments invariants qui rattachent Alexandre et son grand adversaire, Boéthos. Tous deux pensent que les Catégories portent sur les mots signifiants. La différence entre ces deux commentateurs se trouve dans la manière de concevoir la signification et dans les présupposés ontologiques qu’ils mettent en œuvre en rapport avec leurs doctrines sémantiques. [conclusion p. 176-177]

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Elles ont \u00e9t\u00e9 suscit\u00e9es par le colloque international \"Alexandre d'Aphrodise et la m\u00e9taphysique aristot\u00e9licienne\", tenu \u00e0 l'Universit\u00e9 Paris 1 Panth\u00e9on-Sorbonne du 22 au 24 juin 2015. La question de la r\u00e9ception est au c\u0153ur de ces \u00e9tudes : r\u00e9ception de la M\u00e9taphysique par Alexandre, r\u00e9ception de son ex\u00e9g\u00e8se par la tradition ult\u00e9rieure. En effet, le commentaire d'Alexandre \u00e9tablit la compr\u00e9hension du texte d'Aristote \u00e0 partir du IIIe si\u00e8cle ; il servira de r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 toutes les interpr\u00e9tations ult\u00e9rieures, qu'elles soient n\u00e9oplatoniciennes, arabes ou latines. Ces \u00e9tudes mettent en \u00e9vidence les rapports complexes entre logique, physique, philosophie premi\u00e8re et m\u00eame \u00e9thique, \u00e9tablis par le commentaire d'Alexandre. 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Catégories et métaphysique chez Alexandre d'Aphrodise: l'exégèse de Catégories 5, 2017
By: Chiaradonna, Riccardo , Balansard, Anne (Ed.), Jaulin, Annick (Ed.)
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Published in Alexandre d'Aphrodise et la métaphysique aristotéliecienne
Pages 157-179
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Author(s) Chiaradonna, Riccardo
Editor(s) Balansard, Anne , Jaulin, Annick
Translator(s)
Nous résumerons ainsi les conclusions de cette étude.

Alexandre souscrit à la thèse selon laquelle les particuliers sensibles sont des substances premières par rapport aux genres et aux espèces, mais cela n’implique à ses yeux aucune conséquence particulariste ou nominaliste.

La définition des substances premières qu’Aristote présente dans les Catégories est, pour Alexandre, susceptible de s’appliquer à la forme séparée, c’est-à-dire aux Premiers Moteurs.

L’existence de formes dans la matière ne contredit pas le critère de substantialité établi dans les Catégories, car la forme est dans un substrat sans pourtant être « dans un sujet » au sens des Catégories.

À ces conclusions, il faut ajouter que l’interprétation du enkorōs du traité permet à Alexandre de lire les Catégories de manière intentionnelle et de rattacher ainsi la sémantique de ce traité à son ontologie des natures immanentes.

De notre point de vue, Alexandre faisait tout pour intégrer les Catégories à sa métaphysique essentialiste. On ne trouve aucune trace chez lui de l’argument typique des Néoplatoniciens, selon lequel il faut comprendre l’ontologie des Catégories comme une ontologie quoad nos, qui correspond aux apparences phénoménales que reflète notre langage ordinaire (voir, par exemple, Porphyre, In Cat. 91, 5-26).

Bien au contraire, Simplicius oppose justement cet argument à la position d’Alexandre : d’abord, Simplicius, suivant Jamblique, suggère qu’Aristote, dans les Catégories, considère les particuliers sensibles comme des substances premières en tant qu’elles sont premières quoad nos.

Une fois énoncée cette solution canonique et bien attestée depuis Porphyre, Simplicius s’attaque à Alexandre, qui regardait les individus comme des substances premières par nature et non seulement pour nous (Simplicius, In Cat. 82, 1-32).

Comme nous l’avons montré plus haut, Simplicius et sa source ne saisissaient probablement pas l’ontologie de la nature commune qu’Alexandre développait pour défendre sa position. Cependant, d’après ce que nous pouvons reconstruire, Simplicius avait parfaitement compris que, pour Alexandre, les individus sont des substances premières dans le sens le plus plein du terme, et que Dieu est substance dans le sens de la substance individuelle qu’Aristote établit dans les Catégories.

Pour Alexandre, la lecture sémantique des Catégories n’avait donc pas pour but de détacher la doctrine des catégories de l’ontologie : bien au contraire, par sa doctrine du enkorōs, Alexandre rattache de manière très étroite la doctrine des catégories à son ontologie essentialiste.

Par ailleurs, la lecture sémantique du traité est parmi les éléments invariants qui rattachent Alexandre et son grand adversaire, Boéthos. Tous deux pensent que les Catégories portent sur les mots signifiants. La différence entre ces deux commentateurs se trouve dans la manière de concevoir la signification et dans les présupposés ontologiques qu’ils mettent en œuvre en rapport avec leurs doctrines sémantiques.
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La question la plus disput\u00e9e est celle de l'usage des Cat\u00e9gories dans le commentaire \u00e0 la M\u00e9taphysique. Les neuf \u00e9tudes ont pour auteurs : Cristina Cerami, Riccardo Chiaradonna, Michel Crubellier, Silvia Fazzo, Pantelis Golitsis, Gweltaz Guyomarc'h, Annick Jaulin, Claire Louguet, Marwan Rashed.","republication_of":null,"online_url":"","online_resources":"https:\/\/uni-koeln.sciebo.de\/s\/6CJEJ5bTfAFzZdH","translation_of":null,"new_edition_of":null,"is_catalog":0,"in_bibliography":0,"is_inactive":0,"notes":null,"doi_url":null,"book":{"id":273,"pubplace":"Leuven \u2013 Paris \u2013 Bristol, CT","publisher":"Peeters","series":"","volume":"","edition_no":"","valid_from":null,"valid_until":null}}},"article":null},"sort":["Cat\u00e9gories et m\u00e9taphysique chez Alexandre d'Aphrodise: l'ex\u00e9g\u00e8se de Cat\u00e9gories 5"]}

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